17

décembre
2014

Réflexions autour de la notion de Technology Readiness Level

L’échelle des TRL (Technology Readiness Levels) ou Echelle de Maturité Technologique est un outil structurant pour la gestion de l’innovation, notamment pour le financement public, pour lequel elle propose un référentiel commun entre le financeur et le financé.

 

Cette méthode d’évaluation de la maturité d’une technologie recouvre aujourd’hui de multiples définitions.

 

Les TRL ont été introduits par Stan Sadin de la NASA en 1974. Ils constituent une échelle d’évaluation de la maturité d’une technologie, allant de 1 à 9. Pour franchir un nouveau TRL, des critères techniques doivent être respectés, et ce pour chaque niveau.

 

Les TRL ont un intérêt pour le management de l’innovation, notamment pour la gestion de la R&D, le transfert technologique, le financement de l’innovation et les projets collaboratifs.

 

Ce concept est notamment couramment utilisé dans le domaine aéronautique.

 

 

L’échelle des TRL est en voie de standardisation dans l’industrie

 

En 2012, l’organisation mondiale de la normalisation a défini la norme ISO 16290 comme le standard pour l’évaluation des niveaux de maturité technologiques et des critères d’évaluation.

 

Exemple de critères et de sorties technico-économiques pour les TRL 3, 6 et 9 :

 

Les TRL appliqués au financement de l’innovation

 

La Vallée de la mort est une phase critique en finance de l’innovation. Elle se situe entre les financements publics (faible TRL) et privés (fort TRL).

 

 

Par exemple, la Direction Générale de l’Armement investit fortement entre les TRL 4 et 6 pour passer la Vallée de la Mort. Une autre solution est de recourir aux projets collaboratifs pour faciliter le passage de cette phase critique. Différents mécanismes publics permettent de financer un projet selon sa maturité. Le TRL devient alors un outil pour positionner son entreprise en fonction des organismes de financement. Tous les organismes publics de financement n’utilisent pas la même échelle de maturité technologique. Mais, le programme R&D H2020 positionne systématiquement les AAP (Appel à Projets) sur l’échelle des TRL.

 

Selon la maturité des projets, on peut se positionner sur différents types de financement publics :

 

Les TRL et les critères d’éligibilité au Crédit Impôt Recherche (CIR)

 

L’échelle des TRL peut également représenter un outil pour aborder l’analyse des limites du périmètre de la recherche dans le cadre du dispositif du CIR et identifier le stade à partir duquel on considère que les incertitudes scientifiques et techniques ont été dissipées. Le TRL 7, qui représente l’étape de validation en environnement opérationnel, semble être une étape pivot. Mais il s’agit ici de considérations générales et ceci mériterait d’être analysé plus finement pour différents secteurs d’activités.

 

Globalement, elle permet aux centres de R&D de situer l’avancement technologique de leur recherche, en lien avec différents niveaux d’incertitudes scientifiques et techniques.

 

Pour Rémi Bastien, Directeur de la recherche chez Renault, les TRL ont effectivement un rôle à jouer pour interpréter les définitions de la recherche : « Le CIR est un dispositif très important. Sur l'élargissement à l'innovation, je propose que l'échelle TRL, qui permet d'évaluer le niveau de maturité d'une technologie sur une échelle de 1 à 9 (9 correspondant à la pleine production), devienne la référence pour définir les dépenses d'innovation ».

 

Face à cela, l’ex Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, soulevait la question de savoir si les TRL pouvaient s’appliquer à tous les domaines d’activités.

 

 

D’autres applications sont possibles…

 

Au-delà de l’utilisation des TRL par des mécanismes publics de financement, on peut imaginer les utiliser comme un outil de communication et de gestion :

 - Dans le cadre du financement privé (business angels, fonds de capital-risque), pour définir un élément d’aide à la décision des financeurs privés dans l’attribution de leurs fonds ;

 

- Au service des politiques de soutien à la recherche et à l’innovation, pour permettre une meilleure cartographie des technologies développées à l’échelle nationale et fixer des priorités en conséquence ;

 

- Dans le cadre des projets collaboratifs, pour s’accorder sur la définition des jalons dont le point de départ et le point d’arrivée espéré ;

 

- Pour la gestion en interne de la R&D, pour cartographier son portefeuille de projets et évaluer les technologies à accélérer, ralentir, voire à stopper ; une utilisation de plus en plus courante des TRL permet de valider le passage de la R&T (conception de briques technologies élémentaires) à celle du développement de produits, orientée application ;

 

- Au service de la communication interne et externe, afin de proposer un indicateur compréhensible par le conseil d’administration ou autres parties prenantes.

 

Il apparait que les TRL n’entrent pas en conflit avec les processus existants de gestion de projet mais constituent seulement un indicateur intéressant supplémentaire de communication et d’aide à la décision.

 

 

A propos des auteurs

 

Alan Boggiani

Consultant au sein du pôle Marketing stratégique de BLOOMOON, Alan Boggiani a occupé des postes d’ingénieur de recherche, consultant en marketing et créativité et analyste marketing dans le secteur des matériaux et de l’énergie. Ingénieur en procédés, matériaux et énergie, Alan Boggiani a complété sa formation par un master en Management technologique et Innovation.

 

 

 

Johan Saba

Consultant au sein du pôle Marketing stratégique de BLOOMOON, Johan Saba a occupé des postes d’ingénieur R&D et ingénieur projet au sein de grands groupes des secteurs de la chimie, de la plasturgie et de la cosmétique. Johan Saba est diplômé de l’École Nationale Supérieure de Chimie et Physique de Bordeaux et docteur de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan (ENS de Cachan)

 

 

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