Toutes les actualités de BLOOMOON et de l'écosystème de l'innovation

Prise de parole

Les consultants BLOOMOON prennent la parole.

31

octobre
2018

SIAL 2018, retour sur les tendances agroalimentaires du moment.

Du dimanche 21 au jeudi 25 octobre 2018 avait lieu le SIAL, grand salon international de l’alimentation au nord de Paris. Nos équipes se sont alors rendu sur le terrain pour vous partager les grandes tendances agroalimentaires. Au programme : l’émergence du végétal, la naturalité et fonctionnalité ainsi que la réduction des déchets par la valorisation des coproduits. Retour en image sur le salon et ses points forts.

 

 

 

 

 

  • Le végétal est la tendance marquante du salon. Les produits simili-carnés, les faux-mages et l’ultrafrais végétal sont des produits pourtant déjà très développés dans d’autres pays européens. Ils arrivent enfin sur le marché Français, mais qu’ils soient formulés à partir de légumineuses, de soja ou bien d’huile de coco, ce qui importe est le goût et la texture, pour convaincre une cible flexitarienne grandissante.

 

  • La naturalité, aussi appelé « free from », suit l’envie des consommateurs de pouvoir acheter des produits clean, du « comme à la maison », sans allergènes, sans conservateurs ou colorants : la qualité perçue joue alors une part importante dans l’acte d’achat. Mais les produits doivent avant tout mettre en avant une réelle fonction : repas préparé, ingrédient ou aide à la cuisine, produit de partage ou d’apéro, etc.. : l’utilisation du produit doit être définie et comprise par le consommateur.

 

  • Les coproduits sont les restes de toute production alimentaire, que faire pour que cette matière ne soit plus perdue, mais soit en plus valorisée ? Donner une nouvelle vie à ces déchets pour leur trouver un nouvel usage particulier, distinct du produit dont il est issu.

 

Une autre grande thématique en matière d’innovation s’est distinguée sur le salon. 6 innovations se sont très fortement démarquées dans la catégorie : se nourrir rapidement et mieux.

Pour découvrir ces concepts, cliquez ici.

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23

avril
2018

Annonce poste - Consultant Financement de l'innovation

Bloomoon recrute un consultant en financement de l'innovation.

 

 

Descriptif du poste

 

Pour renforcer notre équipe, nous recherchons un/une consultant(e) en financement de l'innovation Junior ou Senior (1ére expérience réussie de 2 ans minimum sur un poste similaire) en fonction du profil.

 

Vous contribuerez principalement à des missions en financement de l’innovation (Crédit d'Impôt Recherche - CIR). Dans ce cadre, vous serez amenés à analyser l'aspect métier (compréhension technique et scientifique du métier), organisationnel et marché de nos clients afin de valoriser et défendre les activités et dépenses pouvant bénéficier du CIR.

 

Vous serez formés à nos méthodes et à nos expertises, un portefeuille de clients vous sera rapidement confié en tant que chef de projet.

 

Vous serez amenés à gérer des projets transversaux en faisant interagir des interlocuteurs de haut niveau des fonctions Innovation, R&D, Finance Marketing de nos clients.

 

A terme, vous pourrez participer à des études variées à haute valeur ajoutée dans les domaines du marketing stratégique ou du conseil technologique.

 

Vous évoluerez dans une ambiance de travail d’équipe stimulante, en autonomie et aurez la possibilité de participer au développement de Bloomoon.

 

Poste basé à Paris 19ème

 

 

Profil recherché

 

Vous avez une formation supérieure scientifique (grande école d’ingénieur, doctorat). Une première expérience dans l’industrie serait appréciée.

 

Doté d’excellentes capacités d’analyse, de synthèse et de rédaction en langue française, vous développez également une forte aisance relationnelle et des qualités d’écoute et de communication orale indispensables à la réussite de vos missions. Vous serez amenés à animer des réunions, à effectuer des présentations et à travailler en mode projet en équipe. 

 

Vous maîtrisez l’anglais à l’oral comme à l’écrit et la suite MS OFFICE.

 

Enfin, vous vous retrouvez dans les valeurs que nous défendons : pragmatisme, entrepreneuriat, collaboration, et vous portez une attention spécifique au sens des choses et aux relations humaines.

 

Vous avez l'ambition d'apporter votre dynamisme, votre aisance relationnelle et votre attrait pour l'innovation et les avancées scientifiques, afin de contribuer au fort développement de notre structure jeune et en pleine croissance.

 

 

Entreprise

 

BLOOMOON est une entreprise à taille humaine portée par une équipe aux valeurs fortes d’entrepreneuriat, de collaboration et de pragmatisme.

 

Notre conviction est que chacun peut être un acteur du changement pour un futur meilleur et ainsi créer durablement de la valeur humaine, sociétale et économique.

 

Bloomoon en tant que société de conseil reconnue, propose exclusivement à l’attention de sociétés industrielles de taille importante et de secteurs diversifiés, un accompagnement global à l’innovation pour :

 

  • Accélérer leurs projets d’innovation et la prise de décision dans un environnement incertain
  • Développer le financement de leurs projets

 

Nos missions portent sur le développement de nouvelles technologies, produits, usages, marchés tout au long du processus d’innovation. Nos équipes pluridisciplinaires capitalisent sur des savoir-faire éprouvés et focalisent leur énergie chaque jour avec passion, dans l’objectif de concrétiser les ambitions de leurs clients.

 

 

Processus de recrutement

 

Plusieurs sessions d'entretiens (2 à 3) avec les associés et les responsables de missions

 

Personne en charge du recrutement : Aurélie Frantz – Directrice de Mission

Envoyez votre candidature à recruiting@bloomoon.eu

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23

janvier
2017

Le partage du design

L’impact du design sur l’entreprise

 

Qu’il soit produit, packaging, graphique, d’espace, management, d’interaction, textile, sensoriel, culinaire, de services ou d’eco-conception, le design garantit la santé financière et l’image d’une entreprise innovante : « aucun pays n'ayant eu recours au design n'a pas émergé industriellement », Philippe Picaud, Directeur Design, Carrefour, conférence « de la pensée à la transformation », du 18/11/2015 (lien). 

 

Design Value Index (DVI), The Design Management Institute, basé sur un portfolio de 16 publications, 2015

 

 

Se positionner selon son identité et son utilisateur

 

L’utilisateur ne voit pas l’entreprise ou son organisation ; il vit des expériences et lorsqu’il doit choisir le média (objet, service, etc.) le plus propice à l’accompagner, il se réfère aux marques, à leur image (confiance, degré de contemporanéité, réputation, reconnaissance ...) à la perception (sensorialités), à l’usage (praticité et comportements), ou à la technologie (performance). Un objet ou un service offert par une entreprise renvoie à sa propre image l’utilisateur, à ce qu’il souhaite véhiculer en l’utilisant ; c’est une projection de ses aspirations. Voici la question subconsciente clé lors du choix d’un produit : « Ce produit ; correspond-il à l’image que je souhaite refléter et construire ? ».

Le Design confère un impact essentiel qui permet à l’entreprise de synthétiser sa vision et ses valeurs au travers de ses produits, ses services ou sa présence dans un environnement. Il a un rôle différenciateur pour l’entreprise et son atout premier est l’écoute de l’Homme et de son Environnement (sociologique ou naturel).

 

 

Rôle « guide » pour adresser des marchés existants et nouveaux

 

La démarche de Design consiste à remettre en question l’existant pour apporter une vision nouvelle d’un produit ou d’un service en phase avec la société et ses mutations, en phase entre l’entreprise et ses aspirations. Son degré d’innovation s’échelonne de la stylique à l’expérience nouvelle, de l’incrémental au radical. Le rôle du design est de faire émerger de nouvelles offres (nouveaux marchés) acceptables et désirables des utilisateurs qui manifestent ou non des ruptures avec l’existant. Une bonne innovation apporte surprise et évidence à la fois.

 

 

Le Design se partage

 

Dans sa pratique, le designer est en dialogue avec l’ensemble des acteurs clés d’un projet ; il n’a et n’aura jamais vocation à les remplacer. Son rôle est d’écouter, comprendre et catalyser les informations qu’il rassemble. Cet exercice d’analyse et de synthèse est essentiel pour assurer la bonne dynamique d’un projet. Pour amorcer les démarches de créativité, on sollicite de plus en plus les responsables des entreprises afin de les impliquer pleinement dans leurs mutations. Cette collaboration permet de confronter des idées nouvelles et les idées internes pour exploiter le meilleur des deux et favoriser la pertinence des réponses.

Depuis 2010 (sortie de l’ouvrage de Tim Brown), le design thinking se diffuse largement et partage à tous les principes  « dé-zoomés » du design en raison de sa pertinence éprouvée dans son application à l’organisation dans sa globalité. Voici donc son principe de conduite d’un projet : trois grandes phases (inspiration, imagination et implémentation) sont traversées par l’exploration et l’analyse itérativement. Les sélections et les décisions sont inhérentes à l’approche, c’est pourquoi la participation du management est essentielle.

 

Schéma de l’approche Design par Bloomoon

 

 

Le Design chez Bloomoon

 

Bloomoon rapproche le design et l’univers du conseil pour permettre de faire aboutir les innovations. Notre approche consiste à réunir nos designers, les experts appropriés et le management (marketing, commercial, R&D, DG, Rh,…) dans une même démarche de génération d’innovations.  Nous permettons à nos clients de se projeter rapidement dans la réalité des concepts pour juger leur pertinence et de leur impact sur l’organisation et le marché.

Intégrer le design est essentiel pour innover de la manière la plus juste pour l’homme et de la manière la plus profitable pour l’entreprise.

 

 

 

A propos de l'auteur

Diane DubrisayEtienne BARLOT

 

Designer chez Bloomoon depuis 2014, Etienne Barlot apporte une force de concrétisation aux innovations de nos clients.

Il s'investit dans les domaines de la santé, de la beauté, de la grande distribution, de l'habitat, de l'énergie ou encore de la mobilité pour y détecter de nouveaux potentiels d'innovations.

 

 

 

 

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23

janvier
2017

Le marché des dispositifs médicaux implantables (DMI)

 

Les dispositifs médicaux implantables (DMI) sont destinés à être introduits dans le corps humain par une intervention chirurgicale et à y demeurer pendant une période d'au moins trente jours.

 

Le marché des DMI est très peu fragmenté. Cinq producteurs principaux génèrent un chiffre d’affaires global d’environ 40 milliards de dollars, dont plus de la moitié aux Etats-Unis.

 

Les acteurs du marché des DMI tendent à être spécifiques dans la typologie de dispositifs produits. En effet, deux tiers de la production appartient à la catégorie des DMI orthopédiques (genoux, hanche, rachis). Les DMI cardiovasculaires (stents, valves) représentent également une part importante du marché (près de 30%). 
 
  

A PROPOS DE L'AUTEUR

 Jérémy Pons

 Consultant en innovation au sein de BLOOMOON, Jérémy Pons est ingénieur chimiste et possède un master en stratégie d’entreprises. Il accompagne aujourd’hui des acteurs divers du domaine de la chimie dans leurs problématiques d’innovation et de R&D.

 

 

 

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17

octobre
2016

Start-ups et grands groupes : BLOOMOON dresse des ponts

 

Les relations entre les grands groupes et les start-ups étaient au cœur du dernier événement organisé par BLOOMOON. Autour d’un cocktail-conférence, une centaine de participants a réfléchi et débattu autour du thème « Start-ups/Grands Groupes : le choc des cultures ».

 

 

Les groupes français, champions du monde

Aujourd’hui, la France est un véritable fer de lance en ce qui concerne les passerelles (et les relations) entre les jeunes pousses et les plus grands groupes. En juin dernier, une étude réalisée par le Fonds 500 Start-ups a révélé que si 68% des cinq cents premières entreprises de la planète entretenaient des liens avec des start-ups, ce pourcentage grimpe à 92% en France, concernant (pour cette étude en particulier) 23 entreprises sur 25. Il est cependant nécessaire de préciser de quelles relations on parle, un thème qui était au cœur des discussions entre les représentants de start-ups et de grands groupes présents au cocktail-conférence de BLOOMOON, le 22 septembre à Paris. La collaboration entre ces deux types de structures aux cultures si différentes peut se faire de différentes manières : intégration des équipes à l’organisation du groupe, participation du groupe au capital financier de la start-up, excubation d’un projet, création d’une cellule Innovation dans le groupe, collaboration simple… Les possibilités sont multiples, elles dépendent des besoins, des envies et des modes de fonctionnement des deux structures.

 

 

Le facteur humain au cœur de la collaboration

Pierre-Michel Deléglise, directeur général de Financière Fonds Privés, a apporté son témoignage en début de soirée,  aux côtés de Catherine Peynot, responsable de la plateforme d’Innovation Paris & Co, et de Nathalie Tuel, directrice de l’information de BLOOMOON. Selon lui, « C’est un exercice où la psychologie joue un rôle important. L’association repose sur des hommes et l’instauration d’une confiance mutuelle est fondamentale pour la réussite de l’opération ». La table ronde qui a suivi ces interventions a également mis en lumière l’importance de ce facteur humain. Des ajustements sont parfois nécessaires, quand les personnalités, les façons de travailler ou même les valeurs de membres de la start-up ne sont pas en adéquation avec celles du groupe qui les intègre. « Le secret de la réussite, c’est la franchise et le facteur humain », résumait Atman Kendira. Le directeur général d’Ubikey participait à la table ronde animée par Olivier Nishimata, rédacteur en chef de Dynamic Mag. Celle-ci réunissait également Olivier Presne, responsable Innovation digitale chez Airbus Safran Launchers, Laurent Deleville, directeur de l’Innovation collaborative chez Safran Innovation, Louis Lamy, directeur scientifique en charge des prospections chez Givaudan, Emmanuel Gavache, directeur général d’Eridanis, et Mathieu Lacôme, consultant senior en Innovation chez BLOOMOON.

 

 « Si 68% des cinq cents premières entreprises de la planète entretenaient des liens avec des start-ups, ce pourcentage grimpe à 92% en France » Mathieu Lacôme, consultant senior en Innovation chez BLOOMOON

 

Trois étapes pour intégrer une start-up

La différence structurelle entre les start-ups et les grands groupes représente un autre risque pour une collaboration fructueuse, quel que soit l’objectif. Les premières ont généralement besoin de prises de décisions rapides, particulièrement en matière de financement, tandis que les seconds ont souvent des process achats et des process de décision longs, avec une inertie importante. Dans ces conditions, comment intégrer une start-up dans un grand groupe ?

Pour les groupes, il s’agit  de suivre trois étapes, sans en négliger aucune. La première est le sourcing : investissement financier, recherche de technologie ou de savoir-faire, partenariat ? Quelle est, pour l’entreprise, le but précis de sa recherche ? Pour Louis Lamy, de Givaudan, « Le sourcing s’apparente à une chasse au trésor. La réflexion sur le sourcing peut se faire de façon très amont, parfois 10-15 ans avant, il est nécessaire d’avoir les idées très claires sur ce qu’on recherche. »

La seconde étape est celle de l’identification : quelles start-ups peuvent correspondre à cette recherche ? Ce processus se déroule à partir de cinq clés d’entrée, qui sont l’hébergement (incubateurs, pépinières, financeurs…), les thématiques, les associations professionnelles et la zone géographique d’intérêt.

 

 

Les évaluations, l’étape finale

Vient enfin le temps de l’évaluation. C’est la dernière étape, mais elle est cruciale. Elle se fait à deux niveaux, technologique et financier. Pour le groupe, il s’agit tout d’abord de vérifier la technicité, le degré d’innovation et parfois même la véracité des produits, services ou technologies proposées par la start-up. Le recueil d’informations sur la formation des dirigeants, les collaborations et citations mais aussi les levées de fonds de la start-up intègre ce processus d’évaluation, qui va encore plus loin s’il est question d’acquisition de technologie.

L’évaluation financière vise à déterminer la valeur de la start-up. Or les indicateurs financiers traditionnels ne sont pas applicables. Il convient donc, pour le groupe, de mesurer la dynamique de développement de la société en s’appuyant sur des multiples appliqués soit à des données comptables de l’année précédente, soit à des données prévisionnelles. Pour un industriel, ces multiples se baseront sur le chiffre d’affaires alors qu’un financier privilégiera les multiples de cash-flows ou d’EBITDA.

« La valeur d’une entreprise correspond au prix d’équilibre entre ce qu’en attend le vendeur et ce que l’acheteur est prêt à payer », a rappelé Pierre-Michel Deléglise. C’est ce point d’équilibre que l’investisseur (le groupe acheteur) et le fondateur (la start-up vendeuse) doivent s’attacher à trouver.

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24

juin
2015

Rencontre avec Laurent Duthion, artiste plasticien

De plus en plus d’entreprises traditionnelles, technologiques ou de service, ont compris l’opportunité de tisser des liens avec le milieu artistique. L’artiste a notamment  une aptitude à questionner le monde de façon originale, à  détourner, décaler, provoquer, lutter contre les idées reçues, faire émerger des idées et préfigurer un monde nouveau (dans les usages, les technologies, sous l’angle sociologique…).  

Inès Giovannacci, directrice technique de BLOOMOON, a rencontré l’un d’entre eux et nous expose dans cet article une démarche en particulier, dont on peut pressentir qu’elle pourrait montrer un fabuleux potentiel de catalyse de l’innovation ! 

 

L’œuvre de Laurent Duthion, artiste plasticien, est foisonnante. En témoignent les quelques évocations dans le corps du texte qui va suivre, mais aussi, de façon plus complète, les références mentionnées en fin d’article.

 

Laurent Duthion s’est livré avec une grande générosité à cet entretien mené au bon soleil, sur un banc du Parc du Thabor à Rennes, tout près de serres où il prépare actuellement un de ses multiples projets. Je l’en remercie très vivement.

 

Il s’agit ici de faire part de cheminements et de volontés artistiques qu’il m’a présentés.

 

Mais allons-y sur des œufs, oui, très prudemment… tant il est difficile d’évoquer en quelques mots ou pages, sans simplifier, une démarche artistique riche, complexe, ramifiée, puissamment organique et vivante !

 

Balle d’ovipare, élastomère de silicone et coquille d’œuf.

Balle d’ovipare, élastomère de silicone et coquille d’œuf.

 

Tout est bon mais voyons ce que cela donne.

 

Laurent Duthion se dit hyperactif. La voie artistique est celle qui lui a permis d’envisager de «tout faire ». Très souvent, sa démarche de création s’opère dans un cadre collaboratif, en synergie avec d’autres personnes, voire d’autres entités vivantes.

 

J’ai, pour ma part, pour la première fois entendu parler de Laurent Duthion en 2006 par le biais de spécialistes de la parfumerie, alors qu’il partait en expédition en Antarctique, avec, entre bien d’autres choses, de ce qu’on m’avait dit, le projet de « capter » l’odeur du pôle.

 

De cette expérience, une œuvre est née Gaz Adélie (2008) un ensemble bigarré d’odeurs, capturées et restituées par la suite, hors corps et hors contexte, avec le concours des outils, des colonnes chromatographiques, préparées par les bons soins des scientifiques des parfums précités – conquis par le personnage, son enthousiasme et sa démarche.

 

Gaz Adélie, 2008

 

L’indétermination : principe de la collaboration artistique de Laurent Duthion avec des scientifiques, de tous domaines.

 

De nombreuses œuvres de Laurent Duthion partent d’explorations, qu’il affectionne, chacune nécessitant, nous le verrons au travers de quelques exemples, un niveau de connaissance scientifique et technique poussé, adapté à l’univers investigué.

 

Le matériel seul n’est qu’une partie de l’œuvre  explique Laurent Duthion. Dans son travail, le processus créatif nécessite l’inscription et la collaboration de multiples personnes, dont celles de scientifiques.

 

Toutefois, pour réussir une collaboration entre l’artiste et le scientifique, il faut, selon Laurent Duthion, réussir à sortir, par un effet dynamique, du cadre assez classique où un groupe de personnes se réunit avec un objectif bien déterminé.

 

Cette collaboration doit s’inscrire dans un cadre conceptuel d’indétermination, ce qui ne veut pas dire au hasard ou n’importe comment explique Laurent. Ce principe de travail fait écho à la notion d’auto-organisation puisée dans la philosophie des sciences.

 

Lorsque la collaboration initiale parvient à s’inscrire dans cette indétermination, alors, le processus d’échange est capable de s’ «artistiser » souligne Laurent Duthion. Il se souvient de cas où peut se produire un « glissement », où l’artiste propose une hypothèse ou une explication au sujet d’un fait technique et, inversement, un scientifique amène un éclairage de nature artistique.

 

Paradajz, 2003. « Une tomate carrée comme une rumeur… ».

 

L’art, dans ces conditions favorables, est susceptible d’être un moyen de connaissance complémentaire de la science.

 

On pourrait aussi établir un parallèle entre cette démarche et celle d’un « Anti-manuel » de scénario (Cyril Béghin et al., Cahiers du cinéma, N°170, avril 2015) où l’on peut lire que L’idée (de scénario) est une  promesse, elle ouvre un processus. […] L’idée ouvre des hypothèses, des suppositions « et si ?... et si ?... » Les grands films sont ceux qui restent fidèles à leur idée, même dans les plus grands écarts, tout en l’explorant. Le propre de l’idée est d’être élastique, contrairement au pitch [concept destiné à être vendu à des investisseurs] qui claque entre les doigts.

 

Laurent Duthion revient à la notion d’exploration qui le fascine, dans la mesure où elle rejoint un certain réalisme spéculatif (notion de dépassement, d’auto-engendrement…).  Il évoque volontiers et se retrouve en phase avec le propos du philosophe contemporain Quentin Meillassoux (Après la finitude. Essai sur la nécessité de la contingence, Paris, Seuil, 2006). Ce dernier, redessinant une métaphysique non kantienne, où les choses ont une vie propre au-delà de notre regard, intègre dans sa pensée une forte notion d’indétermination. Dans ce que propose Quentin Meillassoux, souligne Laurent Duthion, il y a  une sorte de mode d’emploi pour créer, pour écrire, notamment.  Cette approche permettrait de s’extirper de la vision très limitée que l’Homme a le plus souvent de ce qui l’entoure (i.e. la partie émergée de l’iceberg).

 

En littérature, Laurent Duthion ajoute qu’il apprécie beaucoup Philip K. Dick, tout particulièrement son roman d’ambiance Ubik, où les choses et événements se retrouvent hors causalité.

 

 

La force du pouvoir évocateur des odeurs.

Laurent Duthion aime travailler les odeurs, douées de fortes capacités abstractives.

 

Dans la démarche d’un parfumeur, indique Laurent Duthion, la beauté vient se loger dans des partis pris olfactifs, comme ceux qui émanent d’odeurs organiques, qui peuvent être très singulières, telles que celles des muscs.

 

Laurent Duthion dit travailler les odeurs plus que des parfums. Hormis peut-être chez une tribu africaine, notre vocabulaire est particulièrement peu précis pour ce qui concerne les odeurs rappelle-t-il. Tout juste si on se contente d’approximations, d’analogies avec la sémantique du goût ou encore de quelques métaphores

 

Face à la force du pouvoir évocateur des odeurs, l’intelligible et l’analytique se retrouvent reléguées au second plan indique-t-il.

 

La perception de l’odeur est associée en chaque être à une mémoire « ancienne », voire à une mémoire génétique. Laurent Duthion rappelle à ce titre une expérience de la présentation à un public donné de matières imprégnées de cèdre de Virginie. Cette odeur évoque au plus grand nombre le graphite, ce qui n’est pas vrai du point de vue très objectif de l’analyse mais se situe dans la réminiscence du mâchouillage de crayon à papier.

 

Ce qui est intéressant, explique Laurent Duthion, est que l’odeur, pour laquelle il n’existe pas d’éléments visuels, permet de sortir de la représentation. C’est que nous verrons dans le cas des buffets évoqués ci-après.

 

Laurent travaille sa matière jusqu’à réaliser des distillations lui-même, qui deviennent le matériau de certaines de ses œuvres, telle qu’une « distillation de forêt », à partir d’un mélange composé de bois, de feuilles et de quelques champignons.

 

Suite à une expérience, excitante mais frustrante, de dégustation de coquille Saint-Jacques par 20 mètres de fonds, Laurent Duthion a conçu un dispositif, dit Aquarhine (2001, 2008), qui permet de déguster une nourriture sous l’eau tout en ressentant puissamment l’aliment grâce à la rétro-ol-faction.

 

 

Expérimentation de l’Aquarhine, 2008.

 

Concernant les sens en général, la connaissance a conduit à déterminer des notions très restrictives, limitées. Les sensations humaines sont éminemment plus complexes et riches.

Ceci, Laurent Duthion cherche à nous le faire éprouver par son travail.

Laurent Duthion évoque la référence persistante et limitée (jusque dans les années 80) aux quatre capteurs traditionnels pour le goût – acide, amer, sucré, salé - alors que, le goût est bien plus complexe que cette description ultra- simplifiée. Depuis, on a mis en évidence l’umani, des capteurs en lien avec le gras etc…

 

Au-delà du goût, notre corps se trouve doté de très multiples capteurs ; la complexité de sensations qui en résulte Laurent Duthion cherche à nous la faire entendre et éprouver.

 

La synesthésie est difficile à conceptualiser rappelle Laurent Duthion. J’ai pu identifier un unique travail de thèse provenant de l’université de Valence en Espagne. Ceci, alors que l’Homme l’éprouve en permanence par le biais de conjonctions sensorielles, de chevauchement de mécanismes…

 

 

L’art est transformation.

Par le biais de son œuvre, Laurent Duthion cherche à mettre en évidence le réel plus que sa représentation.

 

Pour beaucoup, y compris dans le milieu de l’art, il est courant d’associer l’art plastique à la représentation souligne Laurent Duthion.

 

Nous l’avons évoqué plus haut, l’œuvre de Laurent Duthion peut prendre la forme de buffets.

 

La notion de buffet performatif, consommé par ses spectateurs, l’intéresse tout particulièrement par rapport à la non représentation.

 

Impatience White, Château d’Oiron, 2013.

 

Le buffet enlève la distance, apporte au spectateur  la liberté de toucher, d’ingérer les éléments. L’œuvre prend alors corps avec la consommation du buffet  explique Laurent Duthion.

 

Ce moment est la partie la plus sculpturale de mon travail estime-t-il.

 

 

Tant de barrières, entre autres issues de ce qu’on retire de la connaissance, existent et limitent les façons d’appréhender le monde.

Par sa démarche et son œuvre protéiforme, Laurent Duthion invite à voir le monde autrement.

 

L’image qu’on se fait du monde est liée à notre propre organisation corporelle. Instable, elle peut être manipulée explique Laurent Duthion.

 

La manipulation s’opère par exemple par des hallucinations sensorielles. Ainsi, Laurent Duthion a fait usage de substances d’influence, telles que le géraniol, capable d’induire un état de véritable éveil, de stress productif dans certaines circonstances, bien plus efficace paraît-il par exemple que le café, qui ne ferait que simuler l’état d’un éveil optimal, ou encore, il a utilisé la « baie du miracle », issue d’Afrique Centrale, utilisée pour consommer du vin de palme, qui a la capacité de modifier les capteurs du goût, transformant la perception de l’acide en sucré…

 

Laurent Duthion travaille aussi la déstabilisation sensorielle par le biais de nourritures transparentes qu’il a proposées à certains de ses buffets.

 

Epifanija delna, Centre Pompidou de Metz, 2012.

 

Donner à ingérer des choses méconnaissables apporte aussi de la matérialité aux odeurs souligne Laurent Duthion.

 

Sans saveur, « chargées » d’odeurs diverses (la rose, des muscs…) que l’on ne peut prévoir avant leur consommation, elles ont parfois  pris des formes multiples (mousses, gels, poudres…)  et mimé des textures de choses corporelles, telles que la peau …

 

Corélie Sydenham, Centre d’art de Pontmain, 2014.

 

Lors de ses performances, soit il livre des indications relatives au processus de son œuvre, soit Laurent Duthion ne fournit pas d’accroche, tel qu’avec un buffet entièrement rouge, proposé après la représentation d’une pièce de théâtre avec Tom Struyf (Act to Forget) -  en lien avec la défaillance de la mémoire.

 

Dans ce cas, l’œuvre buffet, reposait sur une alternance de choses reconnaissables (tomates, poivrons, fraises…) et d’autres non reconnaissables, telles qu’une sorte de pâte de type houmous rouge intense, une préparation à la menthe, de couleur rouge également…, créant une dissociation connu / inconnu.

 

Sans titre (Rouge), Théâtre de Hédé, 2015.

 

D’autres voies, toujours basées sur le buffet, consistent à proposer à la consommation des fragments d’œuvres d’art recouvertes de couleur or, des textes comestibles…

 

L’exploration de la réalité est un moyen pour révéler les possibilités dormantes des choses qui nous entourent.

Laurent Duthion a ainsi opéré une transformation de la perception du jardin botanique de Marnay-sur-Seine en préparant et proposant à déguster une multitude de mets composés à partir de plantes habituellement considérées comme non comestibles. Il s’agissait pour beaucoup de fleurs : fleurs de fuchsia, de pourpier sauvage, de coquelicots,  hémérocalles, mais aussi de baies vertes de poivre de Sichuan, qui consommées dans cet état provoquent un étourdissement fugace de la langue…

 

Dans ce cas, le besoin de fraîcheur et la fragilité des mets, dont des pétales saupoudrés, impose une préparation extemporanée, soit juste avant la présentation au public, ce qui amène la notion de dimension temporelle, que l’on retrouve par ailleurs lors des performances réalisées avec la collaboration d’animaux.

 

Laurent aime refaire découvrir un produit local sous un tout autre aspect, comme ce qu’il a réalisé lors d’une exposition « Le Sud du Sud » à Bazouges-La-Perouge. A partir d’une spécialité à base de confiture très réduite de pommes, le pommé, au goût très prononcé de caramel, une cristallisation lui a permis de révéler autrement ce produit traditionnel sous la forme d’une délicate Barbapapa.

 

Sous couvert de technique, il y a une tendance à réduire les choses. Le rôle de l’artiste est de les étendre.

Dans chaque œuvre de Laurent Duthion, sont généralement présentes des expérimentations et les notions de praticabilité.

 

En témoignent des œuvres réalisées à partir du principe de la greffe en arboriculture, en liaison avec des spécialistes de l’INRA (Avignon, Corse).

 

Fort de connaissances techniques en arboriculture et en techniques de greffage, Laurent Duthion a créé des arbres d’un nouveau genre, des polygreffés.

 

Vue d’un greffon.

 

Ce fut le cas d’un porte-greffe de Prunus, hybride interspécifique, qui s’est révélé compatible avec des greffons d’abricotiers, d’amandiers et de pêchers…  Ceux-ci ont déjà fourni leurs récoltes « multi-fruits ».

 

Réalisateur, arbre polygreffé, 2008-2012.

 

D’autres, futurs multi « agrumes » cette fois, sont en cours de réalisation.

 

Ces nouveaux arbres, qui peuvent être vus en tant qu’individus nouveaux, ou en tant que populations, c’est-à-dire en tant que super organismes, montrent combien la greffe est utilisée de façon restreinte explique Laurent Duthion.

 

Par ces arbres, s’établit une sorte de partage, de communication interspécifique entre le scientifique, l’artiste et l’arbre lui–même qui accepte cette expérience  commente-t-il.

 

Autre élément récurrent, Laurent Duthion affectionne aussi l’intégration du vivant dans l’art.

L’œuvre de Laurent Duthion s’inscrit dans un mouvement contraire au minimalisme de l’art qu’il qualifie de mortifère.

 

J’aime intégrer le vivant dans mes œuvres, mais pas comme un élément dramatique ou de symbolique malsaine, comme peut l’être la mise en scène de la souffrance des animaux explique Laurent Duthion.

 

Voyez ainsi Xylocus, arbre doté de  multiples prolongements sculptés, tels que pinces à linge, crayons et mikado…, suivant une technique mise au point par un ingénieur de l’Office National des Forêts.

 

Xylocus (version portable), détail.

 

Le Fonds Régional des Affaires Culturelles de Bretagne, qui a fait l’acquisition de  Xylocus - version portable - olivier nanifié, se trouve confronté à la complexité de la conservation de cette œuvre vivante, qui va continuer de pousser, avec ses exigences bien particulières. L’arbre sera exposé plusieurs mois dans le parc de l’Hôtel particulier où se trouve la DRAC de Bretagne.

 

A noter que la conservation de ce type d’œuvre vivante devient une spécialité à part entière.

 

Xylocus (version portable), 2005.

 

Autre invitation du vivant, Laurent Duthion a aussi convoqué une (superbe) pintade éthiopienne, élément perturbateur venu modifier l’espace d’une galerie lors d’une exposition (Présence Vulturine, 2008).  

 

Présence Vulturine, 2008

 

Bientôt, Laurent Duthion mettra en scène au centre d’art Le Quartier à Quimper des poissons mexicains aveugles, dépigmentés et rosâtres, sur le thème de l’apparition – disparition. Le ballet de ces poissons dans une eau blanche va créer une déstabilisation optique récurrente, réminiscence des eaux de la carrière italienne…

 

 

On retrouve aussi dans les œuvres de Laurent Duthion une dimension corporelle, en lien avec un effort physique.

En témoigne, le vélo caméra, une bolex de 16 mm, qui se met en route en lien avec le mouvement de la roue avant d’un vélo. Lors d’un raid polaire, en Arctique cette fois, Laurent Duthion a tourné des séquences en pleine nuit polaire. L’image se trouve assujettie à l’effort physique, ici en conditions extrêmes. Lors du visionnage des rushes, les sens se retrouvent troublés par l’expérience, avec un défilé d’images d’autant plus lent que l’allure du vélo est vive, le tout dans une ambiance de clair-obscur inversé…

 

Présence Vulturine et Bolex-mobile, exposition Coefficients de réalités, 2008.

 

Une démarche extensible à d’autres cadres ?

Parmi l’ensemble de ses activités, Laurent Duthion enseigne depuis récemment au département des Arts Plastiques de Rennes 2. Il confie que cette nouvelle expérience collaborative, s’inscrivant en cohérence avec sa démarche artistique globale, se révèle fructueuse, bénéfique aussi bien à lui-même semble-t-il qu’à ses élèves.

 

A l’écoute de ce riche parcours et pour reboucler sur ce que l’on disait en introduction, on pressent que Laurent Duthion a la capacité d’explorer et de faire émerger des concepts que l’on n’aurait pas vus dans un cours normal et classique des choses.

 

Par sa démarche aussi, si la science apporte à l’art, on pressent que la vision de l’artiste a la capacité d’enrichir le processus de la démarche scientifique.

 

Echangeant avec Laurent Duthion, on pense aussi bien sûr à la sérendipité, cette faculté de découvrir par hasard et sagacité des choses que l’on ne cherchait pas, autrement dit l’exploitation de l’inattendu qui, dans le cadre d’une recherche, détourne vers un autre objet que celui qui était initialement prévu, source de bien d’innovations, de la pénicilline au velcro.

 

Par imprégnation professionnelle, je pose à Laurent la question de si, finalement, ses idées ont déjà été transformées en réalisations à visée plus pratique, avec une finalité d’utilisation et, sinon, que pense-t-il de cela ?

 

Laurent Duthion, à l’aise avec ces notions, ne voit en réalité pas d’opposition entre un processus créatif artistique et un autre qui conduirait par exemple à des concepts ayant une finalité orientée application.

 

Un autre cas « d’élasticité de l’idée», riche en promesses de nouvelles façons d’appréhender et d’apporter à notre monde ?

 

Détail d’Impatience White, Atelier de la gare, 2011.

 

 

Prochaines expositions :

- Xylocus (version portable), l’œuvre sera exposée jusqu’en octobre à l’hôtel de Blossac à Rennes.

- Nouvelles acquisitions de la ville de Rennes, cet été à l’orangerie du Thabor, Rennes.

- Free Wheeling, Mons, Belgique, 2-27 juin 2015.

- Exposition de groupe, centre d’art du Quartier, Quimper, vernissage le 25 septembre 2015.

- Biennale d’art, Teste-de-Buch, du 19 septembre au 5 octobre 2015.

 

 

Références :

- http://ddab.org/fr/oeuvres/Duthion

- https://www.flickr.com/photos/duthion/

- http://duthion.blogspot.fr/

 

 

A propos de l'auteur

Inès Giovannacci

 

Forte d’une double expérience dans le domaine industriel et du conseil de plus de 15 années, Inès Giovannacci est Directrice technique de BLOOMOON et a en charge la supervision de missions de management et de financement de la R&D, l’encadrement des consultants et du développement de nouveaux outils méthodologiques. Ingénieur agronome et docteur en sciences agroalimentaires, elle a auparavant occupé des postes de responsable de mission CIR et de chef de projet R&D dans l’industrie agroalimentaire.

 

Pour contacter Inès, écrivez-nous via notre formulaire de contact (BLOOMOON Paris).

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19

mai
2015

Horizon 2020, cap sur l'innovation

 

Expert du financement de l’innovation, BLOOMOON accompagne les entreprises dans leur recherche de financements publics régionaux, nationaux ou européens pour leurs projets de R&D.

En contact régulier avec les financeurs, les pôles de compétitivité et les grands décideurs sur les thématiques de financement, nous avons assisté le mois dernier à une session d’information sur le volet Biologie du programme européen Horizon 2020, au Ministère des Finances.

Voici en quelques lignes ce qu’il faut retenir de ce programme et de cette session.

 

Horizon 2020 est le programme européen en faveur de la recherche et du développement pour la période 2014-2020. Ce programme prend la suite du 7ème programme-cadre de recherche et du programme pour la compétitivité et l’innovation (CIP 2007 2013).

 

Il intègre aussi EURATOM et l'IET (Institut européen d'innovation et de technologie).

 

Il est doté de 79 milliards d'euros pour la période 2014-2020, il rassemble les programmes de recherche et d’innovation de l'Union européenne.

 

Il a pour objectif de stimuler la croissance et la création d’emplois, en rendant l’économie européenne plus compétitive grâce à des innovations.

 

Les bénéficiaires sont sélectionnés sur la base d’appels à propositions annuels pour la plus grande partie du programme.

 

H2020 se distingue non seulement par une forte orientation sur l’innovation et l’exploitation des résultats de recherche, mais également par une hausse considérable du budget pour la recherche d’excellence.

 

 

UN PROGRAMME ELARGI ET DES PROCEDURES SIMPLIFIEES

 

 

 

Horizon 2020 doit présenter, selon la Commission Européenne, des évolutions majeures par rapport aux programmes cadres de recherche précédents :

 

- Simplification des procédures et des règles (objectif obtention des subventions en 100 jours);

- Ouverture à des acteurs nouveaux, y compris avec des idées non conventionnelles, favorisant les innovateurs;

- Soutien de l'idée à la commercialisation sur tout le processus;

- Soutien accru aux innovations proches du marché;

- Renforcement de la prise en compte des préoccupations de la population et des défis sociétaux;

- Possibilité accrue pour les nouveaux entrants et jeunes chercheurs de présenter leurs travaux.

 

Les priorités du programme : l’excellence scientifique, la primauté industrielle et les défis sociétaux

 

 

 

FOCUS SUR LES DEFIS du PCN « BIO » : SECURITE ALIMENTAIRE, AGRICULTURE DURABLE, RECHERCHE MARINE ET MARITIME, BIO ECONOMIE ET BIOTECHNOLOGIES

 

 

Les Points de Contact Nationaux (P.C.N.) d'Horizon 2020 sont chargés de diffuser l'information et de sensibiliser la communauté de la recherche et de l'innovation aux programmes européens.

 

Le Point de Contact National Bio est en charge du défi (appartenant aux piliers Primauté Industrielle et Défis Sociétaux) :"Sécurité alimentaire,  Agriculture durable,  Recherche marine et maritime, Bio économie et biotechnologies ».

 

Appels à projets biotechnologies 2014

 

Les appels à projets biotechnologies se déclinent suivant 3 axes :

 

- Promouvoir les biotechnologies de pointe comme futur moteur d’innovation (biotechnologie de synthèse, informatique, systémique…);

- Développer de nouveaux procédés industriels fondés sur les biotechnologies (biotechnologie dans la détection, le suivi, la prévention, l’élimination de la pollution…);

- Développer des « plateformes » innovantes et compétitives (technologies plateformes telles que génomique, méta génomique, protéomique,…).

 

En 2015, les appels à projet biotechnologies se focaliseront entre autres sur les procédés durables et compétitifs.

 

 

Appels à projets défis sociétaux 2014

 

Les appels à projets défis sociétaux se déclinent suivant 3 axes :

 

- Agroalimentaire durable pour une alimentation saine : sfs (gestion durable des ressources naturelles, technologies pour une chaine alimentaire durable, produits alimentaires sûrs et régimes sains pour tous, système de sécurité alimentaire mondiale…);

- Recherche marine et maritime : blue growth  (valorisation de la biodiversité marine, récolte durable des ressources en haute mer, nouveaux défis offshore, technologies d’observation maritime…);

- Développement de l’industrie biosourcée et de la bio économie : isib (biens et produits novateurs pour une croissance durable, favoriser l’innovation dans les zones rurales, améliorer l’innovation des industries biosourcées pour une croissance efficiente et durable,…).

 

En 2015, les appels à projet défis sociétaux seront orientés, entre autres, vers l’authentification des produits alimentaires (SFS), la diminution des gaz à effet de serre (ISIB) et vers les projets de mise en œuvre de l’initiative “Healthy and Productive Seas and Oceans” (BLUE GROWTH).

 

 

 

DES RESULTATS MITIGES POUR LA FRANCE ET UNE MARGE DE PROGRESSION IMPORTANTE

 

 

Sur les appels à projets Biotechnologies, seulement 3 millions d’euros ont été obtenus par la France en 2014, soit 6% de la part d’argent capté, un résultat plutôt décevant.

 

Sur les appels à projets Défis sociétaux, la France est en 5ème place pour le nombre de dépôts de projets mais en 2ème place pour les montants financiers captés (15,8% de la part d’argent captée soit un retour sur investissement avéré). Ainsi, pour ces appels à projets, il y a peu de dépôt (en comparaison des autres pays) mais un grand taux de réussite.

 

De façon plus générale, la France est au 3e rang des bénéficiaires du programme H2020, loin derrière l'Allemagne et le Royaume-Uni. Le taux de succès français, de 25,5%, aux appels à propositions, est l'un des plus élevés de l'Union européenne ; toutefois, il semble urgent de renforcer la participation française aux appels à projets.

 

Dans cette optique, la France a décidé de s’engager dans les négociations d'Horizon 2020, pour défendre durablement les priorités scientifiques des acteurs français, en cohérence avec la dynamique européenne.

 

L’objectif visé est d’assurer la place de la France dans l’espace européen de la recherche et de redonner à la recherche son rôle de vecteur principal de création de savoir et de connaissance.

 

Favoriser le dépôt de projets de recherche et optimiser le financement de ceux-ci constituent ainsi des axes majeurs de progression afin de renforcer la contribution déterminante de la recherche française au redressement du pays.

 

 

 

A propos de l’auteur

 

Consultante en innovation au sein de BLOOMOON, Mélanie Régis est ingénieure agronome. Anciennement chef de projet R&D/Innovation dans l’industrie agro-alimentaire, elle accompagne aujourd’hui des grands comptes du domaine des sciences du vivant dans leurs problématiques de financement de la R&D et de l’innovation.

 

 

 

A propos de BLOOMOON

 

Expert du financement de l’innovation, BLOOMOON accompagne les entreprises dans leur recherche de financements publics régionaux, nationaux ou européens pour leurs projets de R&D.

 

En contact régulier avec les financeurs, les pôles de compétitivité et les grands décideurs sur les thématiques de financement, nous accompagnons les projets de subventions et assurons le montage des dossiers de financement, ainsi que leur suivi technique et administratif. N’hésitez pas à nous contacter via notre formulaire de contact pour tout renseignement à ce sujet.

 

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08

avril
2015

Innovatives 2015 : enjeux et défis de la voiture du futur

BLOOMOON a participé au salon Innovatives, organisé conjointement par le CNRS et l’IFSTTAR le 31 Mars 2015. Pendant cette journée, des intervenants de différents horizons ont débattu autour des tendances et enjeux de la voiture du futur.

BLOOMOON en tant qu’acteur référent dans le domaine de l’innovation sur des thématiques couvrant à la fois les nouvelles avancées technologiques (de la science des matériaux aux objets connectés) et à la fois les nouveaux marchés sources de développement sociétal, vous propose une synthèse de ces échanges présentant les prochains virages technologiques et humains que l’automobile va suivre dans les décennies à venir.

 

Les 3 enjeux sociétaux majeurs

La voiture du futur, telle qu’elle est décrite par Pascal Colombani, président du conseil d’administration de VALÉO, devra s’adapter à la demande sociétale. Les tendances liées à cette demande s’orientent fortement vers le respect de l’environnement, vers une conduite plus intuitive et autonome et vers la connectivité de l’humain ou « l’humain augmenté ».

 

 

 

La volonté d’utiliser des véhicules et moyens de transport plus respectueux de l’environnement correspond de plus en plus à un critère de qualité pour les innovations à venir. En effet, selon un sondage OpinionWay (mars 2012), 42% des personnes interrogées attendent d’une innovation qu’elle préserve l’environnement.

 

Qualité attendue par l’innovation, toutes applications confondues

 

Source : Opinionway, Les Français et l’innovation, Mars 2012

 

Pour répondre à cette demande sociétale, l’hybridation et l’électrification des véhicules sont en marche. De nouvelles technologies liées aux batteries et super condensateurs font leur apparition, qu’elles correspondent à des applications qui nécessitent une forte puissance ou une grande quantité d’énergie. On retiendra par exemple l’utilisation du sodium dans une batterie Na-ion, en substitut à des batteries Li-ion telles qu’elles ont vu le jour chez des constructeurs comme Renault. Mais parmi ces nouvelles batteries, il s’agit également d’aboutir à des technologies plus sûres. De ce point de vue, l’utilisation de batteries solides apparait comme le « graal » dont Toyota a fait le pari très ambitieux en R&D.

 

La Prius, voiture hybride de Toyota a particulièrement séduit les taxis parisiens

 

 

Outre les défis énergétiques, les performances écologiques seront également atteintes par des véhicules plus légers. La substitution des éléments de structure métalliques comme la carrosserie ou les sièges par des composites en fibre de verre ou en fibre de carbone constitue la piste la plus intéressante. Aujourd’hui, les matériaux composites sont essentiellement réservés à une élite comme les voitures de sport McLaren ou les voitures électriques de BMW. Le problème est économique : les pièces fabriquées sont beaucoup trop chères. Alors qu’on vise un prix de 8€/kg pour les composites à fibre de carbone (et 3.5 €/kg pour les composites à fibre de verre), les produits actuels peinent à atteindre un prix de 20 à 15 €/kg. Le problème, tel qu’identifié par Yannick Amosse, Directeur de la Recherche chez Faurecia Automotive Composites, réside dans trois challenges techniques :

- La conception mécanique est en rupture par rapport à celle des matériaux métalliques ;

- Les matériaux doivent être repensés en termes de chimie et d’élaboration ;

- Les procédés à l’échelle industrielle révèlent des coûts cachés difficiles à prévoir.

 

Malgré de nombreux défis scientifiques et techniques, l’utilisation de batteries plus puissantes (ou plus autonomes) et plus sûres d’une part, et de matériaux composites moins chers d’autre part, permettront de nouvelles perspectives.

 

 

 

De nombreux prototypes de voitures autonomes ont vu leur apparition chez des acteurs académiques (IFSTTAR, INRIA) et industriels (Induct, Renault, Google) cette dernière décennie. Le terme « véhicule autonome » est graduel est peut être abordé selon 6 niveaux :

- Niveaux 1 et 2 : le véhicule prend en compte la correction d’une perturbation, comme la présence d’un obstacle sur sa trajectoire, mais ne transporte pas de passagers ;

- Niveaux 3 et 4 : le véhicule est capable d’appréhender des informations non prédictibles mais encore une fois ne transporte pas de passagers ;

- Niveaux 5 et 6 : le véhicule est en interaction constante avec les utilisateurs, et le passager à bord est capable d’être transporté sans intervention de sa part.

 

Cependant, si les entreprises seront capables de proposer des produits commerciaux d’ici à 2020, rien n’indique que le marché sera prêt à accepter des véhicules de niveau 3 ou plus. Selon Claude Laurgeau, Président du Conseil d’Orientation Scientifique et Stratégique de l’Institut Vedecom, dédié à la mobilité individuelle décarbonée et durable, il faudra probablement attendre au moins 50 ans pour une pleine acceptation du marché, tout comme il a fallu plus de 150 ans à l’humanité pour abandonner le transport à cheval. Dans le passé, cette acceptation difficile de la technologie autonome a été éprouvée par les régulateurs de vitesse, qui ont connu une faible croissance en raison des accidents survenus pendant leur utilisation.

 

Les technologies, quant à elles, seront accessibles dans une fenêtre de 10 ans et s’appuieront sur un ensemble de briques technologiques existantes (capteurs, LIDAR, RADAR…) mais nécessiteront une reconception des véhicules pour intégrer ces technologies innovantes (exemple : comment concevoir des pièces mécaniques qui comportent des puces radiofréquences ?). En d’autres termes, l’intégration de ces briques technologiques va nécessiter de nouvelles avancées scientifiques et techniques non évidentes aujourd’hui.

 

La voiture autonome Navia du français Induct

 


 

 

Enfin, la connectivité se révèle être une tendance connexe à l’autonomie. En effet, les technologies communicantes qui serviront à rendre la conduite plus intuitive nous permettront également d’échanger plus de données avec notre environnement. À la clé, il s’agit de mettre à jour nos informations du quotidien en fonction de notre mobilité. Par exemple, nous serons capables d’optimiser des trajets longs et complexes, de gagner du temps sur nos courses ou de suivre les enfants après les avoir déposés à l’école. Derrière ces nouveaux usages, le « big data » sera l’outil qui permettra d’échanger l’information en temps réel.

 

General Motors a notamment manifesté son souhait d’intégrer la 4G LTE dans ses prochains véhicules. L’objectif  est de créer une synchronisation avec le véhicule qui soit la plus naturelle possible, et qui permettra au véhicule de s’adapter aux attentes de chaque passager, par mémoire de son comportement. Cette innovation implique que l’homme sera constamment en interaction avec un environnement numérique, avec lequel il échangera des données pour avoir des informations personnalisées. Le défi sera donc du côté des constructeurs automobiles, qui devront prendre en compte ces spécificités pour proposer des véhicules customisés.

 

General Motors va intégrer la 4G LTE dans ses véhicules pour le divertissement et la sécurité

 

 

Les véhicules du futur modifieront radicalement notre mobilité

 

Ces nouvelles approches du véhicule du futur vont fortement impacter la façon dont nous allons bouger. Selon Georges Amar, chercheur et prospectiviste, nous sommes en train de passer d’une vie « postée » à une vie « mobile », où il sera possible de travailler, se divertir et s’épanouir dans n’importe quel lieu, dont les véhicules. Ce qui veut dire que demain, les voitures auront plusieurs fonctions (autres que nous transporter !), et que ces fonctions seront multipliées par les nombreux usages que nous en feront. Le défi sera d’autant plus important que les précédents modes de transport (marche à pied, vélo, voitures usuelles) continueront d’exister. Nous aurons donc une multitude de moyens de transports possibles, et nous en utiliserons d’ailleurs plusieurs pour se rendre en un seul lieu.

 

Pour répondre à tous ces enjeux, de nombreuses briques technologiques imaginées par des acteurs publics et privés seront sollicitées. Certaines innovations, comme les batteries, les objets connectés, les composites ou les systèmes automatisés existent déjà et seront développées à court terme. Néanmoins, la voiture du futur apparait une technologie plus complexe qu’un simple assemblage de briques et devra connaitre une rupture dans ses modes de conception d’une part, et dans ses modes de production, d’autre part.

 

 

À propos de l’auteur

 

Consultant en innovation au sein de BLOOMOON, Alan Boggiani est ingénieur en procédé et matériaux, diplômé d’un mastère spécialisé en management technologique de l’innovation. Il a notamment réalisé des missions techniques et marketing dans des secteurs comme la microélectronique, la métallurgie, l’énergie et les biotechnologies.

Contact

 

 

 

 

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17

décembre
2014

Réflexions autour de la notion de Technology Readiness Level

L’échelle des TRL (Technology Readiness Levels) ou Echelle de Maturité Technologique est un outil structurant pour la gestion de l’innovation, notamment pour le financement public, pour lequel elle propose un référentiel commun entre le financeur et le financé.

 

Cette méthode d’évaluation de la maturité d’une technologie recouvre aujourd’hui de multiples définitions.

 

Les TRL ont été introduits par Stan Sadin de la NASA en 1974. Ils constituent une échelle d’évaluation de la maturité d’une technologie, allant de 1 à 9. Pour franchir un nouveau TRL, des critères techniques doivent être respectés, et ce pour chaque niveau.

 

Les TRL ont un intérêt pour le management de l’innovation, notamment pour la gestion de la R&D, le transfert technologique, le financement de l’innovation et les projets collaboratifs.

 

Ce concept est notamment couramment utilisé dans le domaine aéronautique.

 

 

L’échelle des TRL est en voie de standardisation dans l’industrie

 

En 2012, l’organisation mondiale de la normalisation a défini la norme ISO 16290 comme le standard pour l’évaluation des niveaux de maturité technologiques et des critères d’évaluation.

 

Exemple de critères et de sorties technico-économiques pour les TRL 3, 6 et 9 :

 

Les TRL appliqués au financement de l’innovation

 

La Vallée de la mort est une phase critique en finance de l’innovation. Elle se situe entre les financements publics (faible TRL) et privés (fort TRL).

 

 

Par exemple, la Direction Générale de l’Armement investit fortement entre les TRL 4 et 6 pour passer la Vallée de la Mort. Une autre solution est de recourir aux projets collaboratifs pour faciliter le passage de cette phase critique. Différents mécanismes publics permettent de financer un projet selon sa maturité. Le TRL devient alors un outil pour positionner son entreprise en fonction des organismes de financement. Tous les organismes publics de financement n’utilisent pas la même échelle de maturité technologique. Mais, le programme R&D H2020 positionne systématiquement les AAP (Appel à Projets) sur l’échelle des TRL.

 

Selon la maturité des projets, on peut se positionner sur différents types de financement publics :

 

Les TRL et les critères d’éligibilité au Crédit Impôt Recherche (CIR)

 

L’échelle des TRL peut également représenter un outil pour aborder l’analyse des limites du périmètre de la recherche dans le cadre du dispositif du CIR et identifier le stade à partir duquel on considère que les incertitudes scientifiques et techniques ont été dissipées. Le TRL 7, qui représente l’étape de validation en environnement opérationnel, semble être une étape pivot. Mais il s’agit ici de considérations générales et ceci mériterait d’être analysé plus finement pour différents secteurs d’activités.

 

Globalement, elle permet aux centres de R&D de situer l’avancement technologique de leur recherche, en lien avec différents niveaux d’incertitudes scientifiques et techniques.

 

Pour Rémi Bastien, Directeur de la recherche chez Renault, les TRL ont effectivement un rôle à jouer pour interpréter les définitions de la recherche : « Le CIR est un dispositif très important. Sur l'élargissement à l'innovation, je propose que l'échelle TRL, qui permet d'évaluer le niveau de maturité d'une technologie sur une échelle de 1 à 9 (9 correspondant à la pleine production), devienne la référence pour définir les dépenses d'innovation ».

 

Face à cela, l’ex Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, soulevait la question de savoir si les TRL pouvaient s’appliquer à tous les domaines d’activités.

 

 

D’autres applications sont possibles…

 

Au-delà de l’utilisation des TRL par des mécanismes publics de financement, on peut imaginer les utiliser comme un outil de communication et de gestion :

 - Dans le cadre du financement privé (business angels, fonds de capital-risque), pour définir un élément d’aide à la décision des financeurs privés dans l’attribution de leurs fonds ;

 

- Au service des politiques de soutien à la recherche et à l’innovation, pour permettre une meilleure cartographie des technologies développées à l’échelle nationale et fixer des priorités en conséquence ;

 

- Dans le cadre des projets collaboratifs, pour s’accorder sur la définition des jalons dont le point de départ et le point d’arrivée espéré ;

 

- Pour la gestion en interne de la R&D, pour cartographier son portefeuille de projets et évaluer les technologies à accélérer, ralentir, voire à stopper ; une utilisation de plus en plus courante des TRL permet de valider le passage de la R&T (conception de briques technologies élémentaires) à celle du développement de produits, orientée application ;

 

- Au service de la communication interne et externe, afin de proposer un indicateur compréhensible par le conseil d’administration ou autres parties prenantes.

 

Il apparait que les TRL n’entrent pas en conflit avec les processus existants de gestion de projet mais constituent seulement un indicateur intéressant supplémentaire de communication et d’aide à la décision.

 

 

A propos des auteurs

 

Alan Boggiani

Consultant au sein du pôle Marketing stratégique de BLOOMOON, Alan Boggiani a occupé des postes d’ingénieur de recherche, consultant en marketing et créativité et analyste marketing dans le secteur des matériaux et de l’énergie. Ingénieur en procédés, matériaux et énergie, Alan Boggiani a complété sa formation par un master en Management technologique et Innovation.

 

 

 

Johan Saba

Consultant au sein du pôle Marketing stratégique de BLOOMOON, Johan Saba a occupé des postes d’ingénieur R&D et ingénieur projet au sein de grands groupes des secteurs de la chimie, de la plasturgie et de la cosmétique. Johan Saba est diplômé de l’École Nationale Supérieure de Chimie et Physique de Bordeaux et docteur de l’Ecole Normale Supérieure de Cachan (ENS de Cachan)

 

 

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21

novembre
2014

CIR et exercice décalé : une gestion problématique ?

 

Cyril Fresse, Directeur Associé de BLOOMOON et expert en fiscalité de la recherche et financement de l’innovation, aborde les problématiques liées à la gestion du Crédit d’Impôt Recherche : comment concilier CIR et exercice décalé, comment structurer la présentation des projets éligibles, comment mener le développement de ces projets dans une optique CIR … ?

 

 

 

Il n’est pas aisé pour les entreprises de déterminer le caractère innovant  de leurs projets ; encore moins de dégager les options à retenir dans le cadre d’une documentation écrite visant à mobiliser le financement de leurs activités. Notre expérience démontre que ces difficultés s’accentuent pour les entreprises dont l’exercice est décalé.

 

En effet, la majorité des entreprises utilise le CIR comme un simple outil fiscal ; elles ne procèdent à la consultation préalable de l’éligibilité d’un projet qu’au seuil des échéances fiscales, se privant du même coup d’un inestimable outil méthodologique. Ainsi, une entreprise clôturant son exercice le 30 juin doit déposer sa déclaration de CIR (cerfa 2069 A) à la liquidation de l’IS, soit le 15 octobre suivant. Rappelons que la déclaration délivrée prend en compte les dépenses de l’année civile N-1. La plupart des entreprises concernées calculera donc son CIR entre le 30 juin et le 15 octobre N+1, soit plus de 18 mois après l’engagement de leurs premières dépenses de recherche.

 

Face à l’obsolescence effrénée des technologies qui structurent les projets, il semble impossible de se convaincre du caractère novateur d’une mesure avancée depuis plus d’un an. On remarque d’autre part un penchant naturel des entreprises pour la censure surtout s’agissant des modalités administratives induites par un contrôle fiscal.

 

Ces décalages constituent donc un frein majeur au développement des projets dans la mesure où la rédaction de la documentation justificative qui devra être produite au vérificateur en cas de contrôle est rédigée en moyenne deux ans après l’engagement des projets, bien après la tombée des échéances fiscales. Et dans le cas où les contributeurs du projet ne sont plus dans l’entreprise, on ne s’étonnera pas de voir la situation devenir rapidement ingérable.

 

La gestion en amont du CIR est donc inévitable pour pallier ces incohérences.

 

 

L’alternative du CIR en amont : une promesse d’opportunité

Le principe est d’offrir un avis circonstancié concernant l’éligibilité de tout ou partie d’un projet lors de son lancement et d’assurer un suivi continu du projet tout au long de sa réalisation. Cette approche favorise une gestion sécurisée et optimisée du projet. Plus encore, une consultation et une gestion préalables offrent de nombreux avantages ainsi que des opportunités d’harmonisation.

 

  • Parmi ces améliorations, la possibilité de tracer des axes d’optimisation structurants et d’entrer dans une logique prévisionnelle favorisant, de manière substantielle, la mise en perspective de vos projets ainsi que le pilotage de la R&D.

A titre d’exemple, une société initiant plusieurs projets aura tout intérêt à accroitre sa visibilité sur les moyens à impartir, et à apprécier par avance les éléments applicables au CIR. De même, une entreprise commercialisant des produits ou des services à fort contenu technologique sera plus à même de savoir comment composer avec les moyens à investir et/ou la marge à facturer si l’impact du CIR est évalué en amont.

 

  • La symbiose opérationnelle

D’autre part, la gestion en amont est inséparable de la mise en place de procédures et de sensibilisation au dispositif au sein des diverses branches opérationnelles qui se déploient au sein de la R&D.

 

A titre d’exemple, si l’on s’interroge sur le caractère éligible d’un projet et que ce dernier nécessite une sous-traitance, il convient de vérifier si le prestataire est agréé ou non. Sans que cet agrément soit nécessairement décisif, la prise en compte de cette information permet une meilleure appréciation de l’écosystème R&D et donc des prises de disposition plus rapides.

 

  • Un développement des outils et une traçabilité de l’activité R&D

Parallèlement à ces mesures, la performance R&D se doit d’être optimisée par des outils permettant de suivre le projet tout au long de l’année et de revenir régulièrement sur son éligibilité au dispositif du CIR. Ces moyens de traçabilité doivent donc œuvrer au découpage des projets en phases éligibles et non éligibles, ce afin de valoriser de manière optimum mais sécurisée le temps consacré aux opérations de recherche et de développement.

 

  • Une documentation scientifique et technique structurante

Concernant la documentation, la démarche en amont permet de constituer dès le lancement du projet un corpus d’informations permettant une meilleure gestion des ressources scientifiques et techniques. Cette documentation n’a pas uniquement vocation à prévenir la contrainte du contrôle fiscal et doit pouvoir être usitée pour ce qu’elle est véritablement : un formidable outil de capitalisation et de partage des connaissances techniques au sein de l’entreprise.

 

Par ailleurs, une documentation structurée sous forme d’axes de recherche et de thématiques définies élargira le périmètre de la recherche éligible au CIR tout en renforçant les acquis techniques et scientifiques de dossiers dont la mise à jour se réalisera de manière autrement plus intuitive.

 

Enfin, au-delà des préoccupations liées au CIR, cette documentation doit jouer un rôle régulateur au sein de l’entreprise en structurant sa connaissance technique et scientifique afin d’élargir le périmètre de la recherche et de permettre l’émergence de programmes pluriannuels dont la gestion et le suivi  constituent des pôles déterminants de la R&D.

 

 

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24

octobre
2014

Le SIAL 2014 : les tendances culinaires entre naturalité et sophistication

Thomas était notre consultant-envoyé spécial au SIAL cette année. Il nous livre un petit tour d’horizon des innovations et des tendances qu’il a pu rencontrer…

 


Entre gourmandise, équilibre alimentaire et développement physique, ce SIAL 2014 révèle de nouvelles habitudes des consommateurs, et de nombreux défis à relever pour les industriels de l’agroalimentaire.

 

Vers une offre snacking de plus en plus raffinée

Les tendances alimentaires de ces dernières années étaient d’avantage orientées vers le snacking : une offre individuelle, rapide et de « convenience ». Nous avons vu apparaître dans notre quotidien alimentaire des produits misant sur la praticité et la personnalisation. Coca-cola ou M&M's ont surfé sur cette tendance qui leur a valu le succès commercial.

En 2014, ce concept évolue et mise sur le raffinement. Les agroindustriels expriment leur volonté de monter en gamme par l’introduction sur le marché de produits nobles, équilibrés, originaux en goûts et en visuel. Il est question de flatter nos sens pour toujours mieux satisfaire la tendance grandissante : l'hédonisme.

 

Les innovations au SIAL 2014 / Variété des sens : les churros salés, les raviolis au fruit.

 

La nutrition au cœur des problématiques des consommateurs

Force est de constater que l'équilibre alimentaire et la recherche du développement physique sont devenus omniprésents dans les habitudes des consommateurs.

 

Les innovations au SIAL 2014 / Développement physique : Lactel et son lait récupération pour le sport ; Recherche de sophistication : Ketchup de Truffes ; Contrôle du temps : Les champignons à faire pousser soi-même.

 

La nutrition, au sens large, s'apparente à de nombreux domaines : les aliments, les ingrédients, mais aussi les services. Il émerge des innovations grâce aux super-nutriments dont les propriétés ont été récemment découvertes ou bien maîtrisées par l'évolution technologique. Le segment des protéines végétales estimé à 8 milliards d'euros (Nutrikéo 2014) a une croissance positive qui pourrait atteindre 20 milliards1 d'euros en 2020. Les protéines végétales, mais aussi celles issues de sources moins conventionnelles comme les algues ou les insectes sont des pistes d'innovations. Ces nouveautés sont perçues comme positives chez des consommateurs de moins en moins acheteurs de viande. De plus, la tendance de consommation de produits hyperprotéinés est en pleine expansion, avec notamment Danio (de Danone) et Yopa (de Yoplait) qui se positionnent sur une gamme d'encas plaisir et non régime.

 

Les produits français à l’honneur

Le SIAL 2014 fait la part belle à nos start-up françaises comme Galia avec sa bière parisienne qui veut devenir une marque authentique de la bière française à l'export. La boisson fruitée Borderline, décalée et fun a conquis la jeunesse parisienne. Jimini's souhaite conquérir vos assiettes avec ses insectes comestibles, et enfin Woos, avec sa mousse fruitée gourmande, est là pour accompagner vos plats.

 

Des « alicaments » de plus en plus gourmands

Il est intéressant de constater que lors de ce SIAL de nouvelles offres d'innovation sont positionnées sur des marchés de niches. L'alimentation se veut personnalisée, tout comme les tendances du médical. Elle intègre dans ce sens les intolérances au lactose (30% des français), au gluten mais aussi des segments plus médicaux comme des produits adaptés à l'obésité ou à l'hypercholestérolémie. Il est question de développer des offres pour des personnes dépendantes, souffrantes d'Alzheimer ou de Parkinson qui font appel à la praticité par nécessité. Si ces produits existent déjà, ils mutent, s'améliorent et deviennent gourmands. 

 

Vers la nutrition 2.0…

Demain l'alimentation se fera connectée, une aire que les professionnels appellent la nutrition 2.0. Il ne s'agit plus de l'achat d'un produit, mais d'un environnement au service des consommateurs. Et si l'impression 3D devenait une nouvelle voie d'innovation alimentaire ? Cette question prend son sens dans une évolution sensorielle de ce que peut être un aliment. Le projet Européen "Performance" est en marge de ce développement.

 

En bref

Quelques mots à retenir qui reflètent le SIAL 2014 et les tendances culinaires à venir : variétés des sens, sophistication, naturalité, bien être, praticité et hédonisme.

 

 

Sur l'auteur

Thomas LARCHER est consultant en management de l’innovation et marketing stratégique au sein de BLOOMOON. Après des études en management de l’innovation orientées vers les agro-activités et les bio-industries, à NEOMA Business School et AgroParisTech, Thomas a rejoint BLOOMOON en stage avant d’être embauché pour renforcer les activités du pôle Marketing Stratégique.

 

 

 

 

 

 

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